Ancienne salariée de la Mountain Bikers Foundation, Cathy travaille aujourd’hui pour l’IMBA Europe. Elle participe à la mise en place de son sommet européen et du Take Care Of Our Trails. Nous avons évoqué ensemble l’accessibilité et la diversité au sein de la communauté VTT.
Comment as-tu commencé le VTT ?
Mon amour pour le vélo a débuté à Paris grâce à un ami féru de VTT. J’ai reçu en cadeau le vélo de son fils. Ce fut le début d’une nouvelle aventure ! Mon emménagement en Tarentaise a marqué un tournant dans ma pratique plus tournée vers l’enduro.
Que penses-tu de l’accessibilité de la pratique ?
Le don d’un vélo s’avéra l’opportunité pour me lancer dans ce sport encore peu répandu auprès du grand public. Le prix du vélo n’est que la première barrière, pas tout le monde peut se permettre d’acheter un VTT. C’est un investissement non-négligeable pour beaucoup de personnes. D’autant plus que dans les disciplines comme l’Enduro, il y a régulièrement des pièces à changer. C’est un coût à prévoir pour le démarrage. Si un débutant souhaite apprendre par lui-même, la partie technique peut-être aussi un frein. L’Enduro n’est pas une balade en ville, il faut des protections, connaître les bases en mécanique en cas de casse, savoir comment descendre en toute sécurité, pour soi et pour les autres usagers. C’est un sport qui demande une bonne condition physique.
Et au niveau de la mixité ?
Ces barrières sont encore plus marquées pour les femmes :
- L’acquisition du matériel est plus difficile (disparité des salaires, plus d’achats liés au foyer)
- Les préjugés sur les sports mécaniques peuvent faire peur
- L’esprit de compétition et de performance ne laisse pas beaucoup de place à d’autres formes de pratique.
« Avec les bonnes conditions, les barrières peuvent tomber rapidement. »
L’accessibilité en est davantage impactée, dans les clubs en France le pourcentage de femmes dépasse rarement les 6 %. Cependant, la réalité du terrain s’avérerait différente. D’après mes observations, ce chiffre avoisinerait plutôt les 20 %. Avec les bonnes conditions, les barrières peuvent tomber rapidement. Cette dernière décennie, le nombre de sportives à l’écran a augmenté. Cela expliquerait l’attirance de femmes de plus en plus jeunes. D’autres sports outdoor comme le ski et l’escalade ont un pourcentage quasiment similaire de pratiquants et de pratiquantes. Le VTT est encore loin derrière…
Face à ce constat, je réitère l’événement de VTT dédié aux femmes Women’s Party au VBC Bike Park [NDLR la journée est une porte d’entrée pour faire découvrir le VTT a un autre public]. Lors de l’édition de 2023, un des ateliers avait pour but d’apprendre à changer une chambre à air. Sur la dizaine de femmes ayant participé à l’atelier (âgées entre 12 et 48 ans), c’est 100 % de réussite avec seulement 2/3 conseils. De quoi casser les préjugés ! Cette année, les Women’s Party auront lieu le samedi 8 juin.
Cathy tu es à l’IMBA Europe maintenant, peux-tu nous faire part d’une de tes réflexions ?
Il serait temps de penser le sport autrement, que la priorité ne soit plus sport nature, mais nature sport. Pour faire le lien avec ce que je disais avant, les femmes dans le milieu du sport permettent de mettre en lumière certains aspects mis de côté. Et particulièrement dans le sport outdoor, où la faune et la flore sont particulièrement sensibles à l’activité humaine.
Les idées préconçues font encore rage par rapport à la performance et à l’engagement environnemental. Il y a un grand intérêt pour nous tous de redéfinir les priorités lors de nos sorties outdoor. Il s’agit de ne pas forcément associer l’engagement environnemental à une perte des performances, voire le contraire. Pour moi, un sentier durable est un sentier avec plus de flow, car celui-ci aura été pensé pour perdurer et réfléchi pour optimiser ce fameux flow.
Le mot de la fin ?
Force est de constater que l’univers du vélo et particulièrement du VTT manque de diversité. Cette lacune est préjudiciable. Il y a de nombreux avantages à la complémentarité de profils dans une pratique sportive : l’ouverture aux autres, l’apport de nouvelles idées pour faire progresser la discipline, un plus fort impact pour rendre cette dernière durable et responsable. Les langues se délient, il est de plus en plus possible d’observer des ouvertures de dialogue à travers des sommets, des événements et des associations. Cependant, la France reste en retard par rapport à ses voisins d’Europe du Nord. En France, nous sommes encore dans les débats, alors qu’ils ont déjà commencé à mettre des actions en place.