Les évènements VTT sont de retour et nous avons pu retourner sur le terrain au contact des pratiquants, comme des territoires et autres usagers. Comme toujours nous avons passé de superbes moments et au passage avons été servis en idées reçues sur le VTTAE. Nous poursuivons donc ici notre série d’articles sur celles que nous entendons le plus souvent à la Mountain Bikers Foundation et nos réponses à ce qui s’apparente souvent à des stéréotypes dû à une méconnaissance de la pratique.
Parfois au présent, parfois au futur, cette phrase apparait comme un mantra dans les réunions auxquels nous assistons autour de l’accès en nature, de la cohabitation et de la préservation des milieux naturels sensibles.
Dans les faits, il n’existe malheureusement pas de chiffres de fréquentation et de données de localisation pour étayer cette position. Il s’agit souvent d’une impression individuelle « j’en vois plus qu’avant » ou d’une peur de l’avenir « nous allons voir des hordes de vététistes débarquer ».
Nous pouvons néanmoins nous reposer sur les chiffres de l’Union Sport et Cycle concernant le marché du cycle, tous types confondus (ville, route, VTT, …). En 2020, le chiffre d’affaires du marché du cycle a bondi de 25% par rapport à 2019, néanmoins il n’a progressé que de 1,7 % en volume, avec 2 684 800 vélos vendus en 2020 contre 2 640 261 en 2019. Bien sûr la demande était là, mais les stocks étaient limités. Les ventes n’ont que peu progressées là où les tarifs eux ont augmenté en moyenne de 25%. Dans ce marché du cycle, il faut noter que le VTT-VTTAE représente 38% des ventes, soit environ 1 million de vélos vendus en 2020.
Néanmoins, le prix moyen d’un VTT vendu en 2020 est de 464 €. Autrement dit, les ventes de VTT représentent majoritairement des gammes de vélos non équipés pour rouler où les vététistes « n’allaient pas avant ». Du côté des VTTAE le prix moyen en 2020 était quant à lui de 2844 €. Sachant que pour un VTTAE les emmenant sur leurs sorties habituelles et entretiens de sentiers, nos bénévoles et adhérents MBF dépensent souvent le double de ce prix moyen. Nous estimons qu’il faudra attendre une forte augmentation du pouvoir d’achat des Français avant de voir arriver des hordes de VTTAE « là où il n’y en avait pas avant ».
Au-delà de l’aspect économique et comme nous l’avons déjà évoqué dans les articles précédents, il y a l’aspect technique et physique. Bien sûr la présence d’une assistance facilite grandement le pédalage mais sans technique ce sera uniquement plus facile sur route, chemins carrossables et sentiers accessibles. Or les zones reculées et difficiles d’accès en VTT, ne sont par définition, pas desservies par ce type d’infrastructure. Sans techniques de pilotages VTT nécessaires pour des franchissements en montée, des épingles en descente et bien d’autres manœuvres, il ne faut pas espérer passer en VTTAE . Ajoutons à cela un poids supérieur en moyenne de 10kg par rapport à un VTT classique et il sera impossible d’aller « là où on n’allait pas avant ».
Il en va de même pour la force et l’endurance physique. Les zones peu fréquentées par l’Homme de nos jours, le sont car difficiles d’accès. Les vététistes s’y aventurant se retrouvent souvent à pousser, voir à porter leurs vélos et cela est loin d’être plus facile avec un VTTAE qu’avec un VTT classique. De la même manière, l’assistance ne remplace pas de bonnes jambes. Le mode boost (puissance maximale) videra la batterie bien avant de pouvoir accéder à une zone jamais fréquentée auparavant par des vététistes. Il reste donc une exigence technique et physique requise à l’accès de ces zones.
Le VTTAE a une autonomie (encore) trop limitée
Il est évident que l’utilisation du mode boost (puissance maximale) uniquement ne pourra pas nous emmener là où de nombreux vététistes sans assistance peuvent aller. Cela ne veut néanmoins pas dire que l’autonomie est insuffisante. Il s’agit là uniquement bien d’une assistance. Le moteur principal c’est nous et nos jambes, contrairement aux véhicules à moteurs thermiques.
La technologie a considérablement progressé au cours des 5 dernières années. L’offre est vaste, avec de plus en plus de modèles disponibles sur le marché. Cela permet de choisir au mieux en fonction de ses besoins et de sa pratique entre un VTTAE léger (18-19kg) avec une puissance d’assistance de 240 W, un VTTAE de plus de 25 kg pour une puissance d’assistance de 700 W, ou encore un entre-deux et la possibilité d’ajouter une extension de batterie pour les quelques sorties plus longues de l’année.
L’autonomie ne dépend pas seulement de la puissance de la batterie, mais aussi des modes utilisés lors de la sortie. Il est possible notamment de personnaliser les différents modes de puissance et d’utiliser par exemple au minimum la batterie en mode éco sur les zones plus faciles.
La cadence (vitesse de pédalage) et le poids sont également des facteurs dans l’autonomie. Il est souvent conseillé de pédaler aux alentours de 70 tours par minutes pour optimiser l’utilisation du moteur. Concernant le poids, un vététiste de 60 kg bénéficiera en moyenne de 15 % en plus d’autonomie qu’un vététiste de 90 kg. Ceci n’est cependant qu’une moyenne, une simple recherche internet vous permettra de trouver des tests complets effectués sur le sujet avec différents modèles de VTTAE.
L’assistance d’un VTTAE a bien évidemment une limite mais il a fort à parier qu’elle nous emmènera plus loin et avec plus de plaisir qu’un VTT classique. Dans tous les cas il semble important de bien définir ses besoins et si l’on n’est pas convaincu, d’essayer avant de décider si l’autonomie est suffisante ou non pour sa pratique.